Un conseil de politique nucléaire présidé par Emmanuel Macron a validé le 26 février la poursuite de cette stratégie jusqu'en 2100 au moins, notamment dans le contexte du projet d'EDF de bâtir en France six nouveaux réacteurs EPR2.
Bruno Le Maire a déclaré lors d'un déplacement à La Hague que des études allaient être lancées en vue de construire sur le site d'Orano une usine de fabrication de combustible recyclé de type MOX, à une échéance non précisée, ainsi qu'une nouvelle usine de retraitement de combustibles usés d'ici 2045-2050.
Le ministère de l'Economie n'a pas communiqué le montant des investissements envisagés.
"Notre objectif, c'est évidemment de garantir la réutilisation des combustibles retraités dans les réacteurs français pour renforcer notre souveraineté et réduire les importations d'uranium", a déclaré Bruno Le Maire.
"Cela va nous permettre de réduire à terme de 25% la consommation d'uranium en France, cela va nous permettre de réduire le volume de déchets ultimes de l'ordre de 75%, ce qui est bon pour l'environnement, et cela va évidemment entraîner la création de milliers d'emplois qualifiés en France", a-t-il ajouté.
L'usine Orano de La Hague constitue une pièce maîtresse de la gestion française des combustibles usés, mais elle est aujourd'hui confrontée au vieillissement de ses installations.
Pour investir dans le renouvellement de ses usines qui atteindront 50 ans d'exploitation au cours de la décennie 2030, voire en construire de nouvelles, Orano demandait de la visibilité sur les projets de l'Etat au-delà de 2040, date après laquelle la poursuite du traitement-recyclage français n'était pas assurée.
L'ex-Areva fait valoir que le processus permet d'économiser de l'uranium naturel et de réduire les volumes de déchets à stocker.
Le "cycle" nucléaire à la française ne permet toutefois aujourd'hui qu'une seule réutilisation des combustibles issus du retraitement, à savoir le MOX - fabriqué actuellement dans l'usine Orano Melox de Marcoule (Gard) - et l'uranium de retraitement enrichi, qui implique des allers et retours de matières avec la Russie.
L'usine de La Hague dispose notamment de quatre piscines d'entreposage, permettant de refroidir les combustibles usés avant de les traiter pour en extraire les matières réutilisables et les déchets, qui sont confrontées à un risque de saturation.
EDF, qui représente plus de 95% de l'activité de recyclage d'Orano, envisage par conséquent d'en construire une nouvelle, pour un montant de 1,25 milliard d'euros, qui serait mise en service en 2034. (Reuters)